Shein visé par une plainte de 25 associations européennes pour pratiques commerciales trompeuses

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Shein visé par une plainte de 25 associations européennes pour pratiques commerciales trompeuses

À l’heure où la mode à bas coût connaît une expansion exponentielle, le géant chinois de l’ultra fast fashion, Shein, se trouve dans l’œil du cyclone en Europe. L’entreprise, déjà considérée comme l’emblème de l’industrie de la mode à confection rapide, fait face à une série de critiques de la part des associations de consommateurs européennes. Ces dernières reprochent principalement à Shein des pratiques douteuses qui, selon elles, vont à l’encontre des intérêts des consommateurs.

Des préoccupations grandissantes autour de l’activité de Shein

Les accusations à l’encontre de Shein sont multiples et concernent divers aspects de son fonctionnement. En premier lieu, l’entreprise est soupçonnée d’engager un marketing fallacieux pour manipuler ses consommateurs. Des dénonciations récentes évoquent un affichage continuel de produits assorti d’une indication de « faible stock » sans justification concrète. Ce stratagème aurait pour but de renforcer l’urgence d’achat chez les clients potentiels, alimentant ainsi un climat de surconsommation délétère.

À cela s’ajoutent des pratiques de concurrence déloyale, une incitation à l’hyperconsommation et des conditions délétères de travail chez les fournisseurs de Shein. Ces derniers font l’objet de lourdes accusations de maltraitance des travailleurs, ce qui met en lumière des préoccupations croissantes concernant les droits humains au sein de cette industrie.

La réaction des associations européennes

C’est dans ce contexte tendu que de nombreuses associations européennes, membres du Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC), ont opté pour une action concertée. Leur but est de déposer une plainte officiellement auprès de la Commission européenne, espérant ainsi nourrir l’enquête en cours par des preuves complémentaires des pratiques suspectées. L’organisation française CLCV a, quant à elle, signalé cette situation préoccupante à la Répression des Fraudes, renforçant la pression sur Shein.

En effet, les instances européennes ont déjà, en mai, mis en cause Shein pour des remises trompeuses et des informations fallacieuses sur la durabilité de ses produits. Des amendes potentielles pèsent sur l’entreprise. Les associations, par leurs actions récentes, visent à accentuer la conscientisation sur l’impact écologique et social provoqué par ces pratiques commerciales.

Une réponse mitigée de Shein

Sous le feu des projecteurs, Shein tente de désamorcer la situation par un discours de bonne volonté. L’entreprise affirme vouloir travailler de concert avec les autorités européennes de protection des consommateurs pour démontrer son engagement à respecter les lois en vigueur. Elle critique en retour le BEUC d’un manque d’ouverture au dialogue, tout en soulignant sa popularité croissante en Europe, arguant que sa plateforme offre un excellent rapport qualité-prix.

Néanmoins, les associations ne partagent pas cet avis et considèrent que les pratiques de Shein exacerberaient les problèmes environnementaux et sociétaux. Pour elles, ces pratiques encouragent l’achat impulsif et intensif, délétère pour notre planète déjà en souffrance.

Action réglementaire et mesures gouvernementales

Face à l’ampleur de la situation, un ensemble d’acteurs économiques en France et au-delà s’organisent pour contrer l’influence des géants asiatiques du commerce en ligne. En début de semaine, environ 80 % des commerçants français ont appelé à un déréférencement des plateformes comme Temu et AliExpress, aux côtés de Shein, arguant que la plupart des produits qu’elles proposent ne respectent pas les normes de sécurité établies dans l’Union Européenne.

Par ailleurs, le Sénat français s’est activé pour inciter à l’adoption d’une législation stricte dirigée contre la mode rapide. Ce projet de loi, très attendu par les associations environnementales et de défense des droits de l’homme, prône une interdiction des publicités pour ces entreprises, des pénalités financières et des obligations de sensibilisation des consommateurs aux effets environnementaux de leurs achats.

Un défi transatlantique

Cette mobilisation n’est pas circonscrite à l’Europe. En effet, les États-Unis ont déjà durci le ton en mai dernier en imposant des droits de douane à 120 % sur les colis issus d’Asie, même s’ils ont été réduits depuis lors. L’accumulation de ces tensions traduit une volonté manifeste de plusieurs nations d’enrayer l’hégémonie croissante des plateformes asiatiques sur les sols européen et américain.

La Commission européenne a également engagé des mesures pour freiner l’afflux massif de ces colis à bas prix provenant majoritairement de Chine. En effet, ce phénomène a doublé par rapport à l’année précédente, provoquant une saturation du marché européen.

Face à ces pressions, un ensemble de décisions concrètes et multilatérales semble maintenant crucial pour endiguer les dérives et réguler un secteur en pleine rénovation. Le futur de la fast fashion, et de ses acteurs majeurs comme Shein, dépendra en grande partie de comment ces questions seront adressées à l’échelle internationale.