Deux astronautes potentiellement coincés à bord de l’ISS

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Deux astronautes potentiellement coincés à bord de l’ISS

Deux astronautes américains, Butch Wilmore et Suni Williams, ont quitté notre planète à bord d’une capsule développée par Boeing, après des années de délais par rapport au calendrier initialement prévu. Ces retards étaient principalement dus à des problèmes techniques, notamment des fuites de gaz hélium et des défaillances au niveau des propulseurs. Actuellement, ces soucis empêchent leur retour sur Terre.

La NASA est désormais contrainte d’envisager une solution alternative. Début juin, les deux astronautes ont été envoyés vers la Station spatiale internationale (ISS) pour une mission de huit jours. Cependant, ils y sont encore présents plus de 60 jours après, et leur séjour pourrait se prolonger jusqu’en 2025. Cette situation incertaine met en lumière les défaillances du lanceur de Boeing, qui semble actuellement incapable de ramener les astronautes en toute sécurité sur Terre.

Options de retour envisagées par la NASA

Ken Bowersox, administrateur associé de la NASA, a fait savoir le mercredi 7 août que plusieurs options sont à l’étude: « Nous ne sommes pas obligés de ramener un équipage à bord de Starliner; il est possible de le faire via un autre véhicule ». Ces nouvelles déclarations suggèrent que SpaceX pourrait être sollicité pour effectuer le retour des deux astronautes. Cependant, cette décision prolongerait de six mois leur séjour à bord de l’ISS.

Cette situation relance la question de la suprématie spatiale entre Boeing et SpaceX, deux géants industriels que la NASA a mandatés en 2014 pour assurer le transport de ses astronautes vers l’espace. La compagnie d’Elon Musk opère déjà des vols vers la Station spatiale internationale depuis 2019, tandis que Boeing accuse un retard colossal.

SpaceX en passe de devenir le partenaire incontournable

Il y a dix ans, la NASA avait confié à Boeing le développement d’un module spatial avec un budget de 4,2 milliards de dollars, tandis que SpaceX recevait 2,6 milliards pour la même mission. Depuis, SpaceX a réalisé son premier vol habité en 2020 et a depuis effectué huit missions habitées pour la NASA. À titre d’exemple, Thomas Pesquet avait voyagé avec une capsule Soyouz (de construction russe) lors de sa première mission, mais en 2021, c’est à bord d’un vaisseau SpaceX qu’il est retourné dans l’espace.

En contraste, Boeing continue de rencontrer d’innombrables obstacles. Le programme spatial de Boeing a accumulé des retards multiples, affectant la mission de Butch Wilmore et Suni Williams, exacerbant le sentiment de favoritisme envers SpaceX.

Série de revers pour Boeing

Le programme de développement de Starliner n’a pas été exempt d’embûches. En 2019, un test sans équipage a échoué en raison d’une trajectoire incorrecte. Puis, en 2021, des valves bloquées ont empêché la capsule de décoller, reportant encore une fois le vol. Ce n’est qu’en mai 2022 que le vaisseau a finalement atteint l’ISS, mais sans équipage à bord.

Boeing espérait lancer sa première mission habitée la même année, mais des défauts découverts sur les parachutes ont entraîné de nouveaux délais. Ce n’est que cette année, après plusieurs reports liés à des fuites d’hélium, que Starliner a transporté ses premiers astronautes pour une ultime mission test avant de débuter ses opérations régulières.

Nouvelles préoccupations concernant la sécurité

Lors de l’approche en vue de l’ISS, de nouvelles fuites d’hélium ont été constatées. De plus, cinq des vingt-huit propulseurs se sont arrêtés à un moment critique. Bien que Starliner ait pu atteindre l’ISS, la NASA a décidé de mener des tests afin de comprendre les causes de ces incidents. Jusqu’à présent, les analyses ne sont pas rassurantes.

Cette situation affecte encore plus l’image de Boeing, déjà fragilisée par des défaillances dans le domaine de l’aviation civile. Malgré tout, la NASA souhaite continuer à disposer d’un deuxième moyen de transport vers l’ISS, en plus de SpaceX, afin de mieux gérer les circonstances imprévues.

Tests supplémentaires pour un retour possible

Cette nouvelle situation a provoqué des désaccords au sein de la NASA et avec Boeing. Si trop de propulseurs venaient à tomber en panne au moment du retour, la capsule Starliner pourrait devenir incontrôlable et risquer une collision avec la Station spatiale.

Les propulseurs sont également indispensables pour permettre à la capsule de quitter son orbite actuelle et retourner sur Terre. Ainsi, des tests supplémentaires ont été exigés pour assurer un retour en toute sécurité. Si les problèmes techniques continuent, la NASA pourrait opter pour un retour des astronautes avec une autre capsule, probablement de SpaceX.

Nouveau plan en élaboration

Malgré ces défis, la NASA envisage un plan B. Une des options serait d’utiliser les vols de relève régulière des membres d’équipage de l’ISS. Le prochain vol est prévu en février sous l’égide de SpaceX. Au lieu de quatre astronautes, seulement deux seraient envoyés et quatre reviendraient, y compris les deux astronautes de Boeing.

Cela signifierait que Butch Wilmore et Suni Williams resteraient à bord de l’ISS pour six mois supplémentaires, une durée similaire à celle d’une mission standard. La capsule de Boeing reviendrait alors sur Terre sans équipage.

« Dès que la NASA décidera de changer la mission, nous adapterons Starliner pour un retour sans équipage, » a indiqué Boeing dans un communiqué. Toutefois, Starliner n’est pas conçu initialement pour revenir vide. « Nous n’avons pas approuvé ce plan, » a précisé Steve Stich, mais « nous avons pris toutes les mesures nécessaires pour qu’il puisse être mise en place. »

Décision en attente

La NASA devrait prendre une décision d’ici la mi-août. En attendant, le départ de Crew-9 a été repoussé d’août à fin septembre pour permettre davantage de temps pour cette prise de décision. Il faudra aussi revoir la composition du programme si la mission Crew-9 passe de quatre à deux astronautes.

Cette affaire souligne les défis et les risques associés aux missions spatiales, même concernant les géants industriels comme Boeing. Elle met également en lumière l’importance d’avoir plusieurs options fiables pour assurer la sécurité des missions spatiales, qu’elles soient opérées par des entreprises comme SpaceX ou Boeing.